Bluetooth et Airport : les dessous de la cohabitation
Difficile de faire cohabiter Bluetooth et Airport. Pourtant, les nouveaux PowerBook profitent d’une technologie qui permet aux deux normes de ne pas se parasiter.
Le marché de la transmission sans fil prend de la vitesse. Selon la société de conseil Frost et Sullivan, il se serait vendu 70 millions d’appareils Bluetooth et près de 20 millions d’équipements compatibles Wi-Fi en 2003. Surtout, leur adoption devrait permettre aux constructeurs d’ordinateurs d’augmenter la valeur de leur offre à moindres frais. C’est le cas pour Apple qui a sauté sur l’occasion avec sa ligne de PowerBook (voir édition du 24 septembre 2003) et ses périphériques Bluetooth capables de cohabiter avec Airport, déclinaison maison du standard Wi-Fi. Incompatibles jusqu’à présent, avec interférences et décrochages de fréquences, les services sans fil des deux technologies fonctionnent désormais sans problèmes. En fait, les ingénieurs estimaient, jusqu’en 2002, qu’en dessous de 3 mètres, les deux standards se faisaient du tort. Le secret de leur récente cohabitation ? AFH ou Adaptative Frequence Hopping, pour saut de fréquence à capacité d’adaptation, un algorithme désormais inclus dans Bluetooth. Sans cet AFH, Bluetooth fait continuellement des sauts entre les 79 canaux mis à sa disposition – sur les 83,5 disponibles dans la bande de fréquence des 2,4 GHz, également utilisée par Airport. AFH réduit tout bonnement le nombre de canaux utilisés par Bluetooth à une quinzaine, parmi les moins utilisés de la bande des 2,4 GHz.
Cette prouesse d’interopérabilité a été mise au point conjointement par les groupes de travail chargés des caractéristiques techniques de chaque technologie. Pour y parvenir, ils ont reconstitué les conditions les plus défavorable : l’utilisation des deux technologies dans un périmètre de moins de 50 centimètres. Selon le fabricant de puces Mobilian, ce scénario problématique est très fréquent, notamment chez les utilisateurs d’ordinateurs portables. Ainsi rapprochés, les débits des technologies s’effondrent. En fait, selon Art Astrin, coordinateur pour Apple des recherches sur la coexistence des deux standards au sein de l’IEEE (l’Institut des ingénieurs en électronique), seule « une dégradation de 10 % du débit à moins de 50 centimètres entre les puces est acceptable ». D’où l’intégration de l’AFH courant 2003 dans les spécifications 1.2 de Bluetooth. A noter que grâce à de nouvelles techniques de conception des puces Bluetooth, ces nouvelles spécifications permettent aussi de réduire leur consommation électrique.
Un argument pour Apple
Apple utilise ainsi dans sa nouvelle gamme de PowerBook la puce BlueCore de l’anglais CSR. Quant au clavier et à la nouvelle souris Bluetooth (voir édition du 10 juillet 2003), ils sont les premiers périphériques à utiliser l’AFH intégré. Pour eux, le constructeur de Cupertino a retenu le californien Broadcom et sa puce Blutonium BCM 2040 commercialisée à 6,25 dollars (5,34 euros), un coût très faible comparé à des produits concurrents. Les produits intégrant l’AFH, apparus en juin sur le marché, devraient équiper les prochains ordinateurs de la Pomme, qui doit tout mettre en oeuvre pour résister à la concurrence marketing de la technologie Centrino d’Intel (voir édition du 3 juin 2003). En tout cas, cette cohabitation réussie entre Bluetooth et Airport est un argument de plus pour Apple sur son segment de marché préféré pour 2003, celui des ordinateurs portables.